La céramique en Extrême-Orient ?
Chine
La céramique chinoise est universellement connue pour la porcelaine, inventée sous la dynastie Han de l’est (de 25 à 220 apr. J.-C.)9 ; elle est aussi riche d’une longue tradition d’innovations techniques et stylistiques.
La culture de Yangshao, qui date de plus de 4 000 ans av. J.-C., est la première à fournir des poteries en grand nombre. Mais les tout premiers exemplaires de terres cuites datent de 6 000 ans av. J.-C., avec les cultures Cishan (au Hebei) et Peiligang (au Henan)10. À l’époque néolithique, après la culture Yanshao puis la culture de Majiayao, les productions de Longshan témoignent de l’apparition rapide du tour, indispensable du fait de la finesse et de la hauteur de certaines pièces de prestige dites « coquille d’œuf ».
La céramique se développe encore, tant sur le plan des formes et des décors que sur le plan technique, sous les dynasties des Shang et des Zhou.
Beaucoup de pièces notables proviennent du mobilier funéraire (mingqi) : armée enterrée de Qin Shi Huangdi ; représentations de bâtiments, de fermes et figurines humaines des Han ; danseuses et musiciennes, représentations humaines ou animales « trois couleurs » des Tang, parfois de grande taille.
Les vases « bleu et blanc », qui apparaissent sous la dynastie mongole des Yuan, se développent pleinement sous les Ming, puis encore au début de la dynastie des Qing, lors du règne de l’empereur Kangxi. Sous les Qing se développent également les porcelaines de la « famille rose » et de la « famille verte ».
Les céramiques et porcelaines chinoises ont eu une grande influence sur le développement des techniques et des styles en Corée, au Japon puis en Europe.
Corée
En Corée, l’influence de la céramique chinoise se fait sentir très tôt, dès l’occupation du pays par la Chine de 108 av. J.-C. à 313 apr. J.-C. C’est à ce moment qu’apparaissent les premiers fours élaborés, sans doute au plus tard vers le iiie siècle apr. J.-C.11.
L’art de la céramique en Corée connaît un développement rapide et produit des pièces de céladon raffinées. La porcelaine coréenne blanche, souvent décorée de cuivre, connaît une grande popularité au xve siècle.
Vers le milieu de la période Joseon, vers la fin du xviie siècle, les potiers coréens produisent des céramiques « bleu et blanc », utilisant l’oxyde de cobalt.
Japon
Après la Période Jōmon, les premières céramiques japonaises sont les haniwa (埴輪?, cylindres de terre cuite), qui sont des figurines funéraires. On les a retrouvés dans de nombreuses tombes du Kofun (古墳時代, kofun jidai?, iiie au vie siècle) à travers tout le Japon. Ils sont le sujet de recherches scientifiques et archéologiques depuis l’époque d’Edo (江戸時代?) mais sont manipulés le moins possible car ils sont très fragiles.
Les sources anciennes évoquant les haniwa de la période des kofun, v. 250–538, (au cours de la période Yamato), sont peu nombreuses. On compte parmi elles le Nihon shoki (日本書紀?, Annales du Japon, début du viiie siècle).
Puis vers l’époque de Nara, au viiie siècle, est tentée la première assimilation de la céramique chinoise. La Cour japonaise connaît d’élégants vases sancai (« trois couleurs »). caractéristiques de la dynastie Tang. La beauté de ces céramiques fait d’elles des objets rituels, comme le montre l’une de ces pièces conservées au Shōsō-in. Ces grès sāncǎi font plus qu’influencer la céramique japonaise. elles apportent au Japon la révélation de la couleur12. Au sein de l’aristocratie de la période de Muromachi (1392-1573). On utilise des ustensiles et des plats laqués lors de banquets, plus ou moins formels. La mode des bouquets sans formalité se répand au xvie siècle . Elle permet le véritable développement de la céramique, avec des recherches dans la composition de nouveaux matériaux et de nouveaux décors13. Par ailleurs, une technique particulière de réparation des céramiques naît au Japon : le kintsugi.
À partir de 1616 se développe une production autochtone de porcelaine, inspirée de la production chinoise, au travers des potiers coréens ramenés de force de leur pays après l’invasion de la Corée par le Japon à la fin du xvie siècle14. De plus, l’invasion de la Chine par les Mandchous se traduit à partir de 1640, et pendant plusieurs décennies, par un afflux de potiers chinois vers la région d’Arita, au Japon ; ce qui contribue à l’amélioration des techniques. La production de porcelaines japonaises la plus connue est la porcelaine d’Imari, produite à Arita et largement exportée vers l’Europe.
La production céramique de haute qualité dans l’Empire moghol est quasiment inexistante. Ceux-ci se servaient presque exclusivement de vaisselle chinoise en porcelaine. On peut pourtant signaler une production de carreaux de revêtement aux couleurs vives. Elles sont réalisés par la technique de la cuerda seca, sans doute principalement à Lahore. Une série d’entre eux, conservée au musée Guimet, provient de la tombe de Madani à Srinagar.
Inde
La production céramique de haute qualité dans l’Empire moghol est quasiment inexistante. Ceux-ci se servaient presque exclusivement de vaisselle chinoise en porcelaine. On peut pourtant signaler une production de carreaux de revêtement aux couleurs vives réalisés par la technique de la cuerda seca, sans doute principalement à Lahore. Une série d’entre eux, conservée au musée Guimet, provient de la tombe de Madani à Srinagar.