L’adaptation de l’art des nouveaux médias au marché de l’art

Succès ?

11En raison du succès des artistes post-Internet, on commence à voir le champ de l’art des nouveaux médias essayer d’intégrer le marché de l’art en s’inspirant des formats de la galerie commerciale de type white cube , des foires d’art et des biennales.

Les artistes des nouveaux médias, qui se sont positionnés traditionnellement à l’écart ou en opposition au marché de l’art, s’y engagent désormais activement. Il y a là un désir de gagner une reconnaissance historique, puisque le monde de l’art est plus ouvert aux nouvelles tendances technologiques. /

Économie ?

Dans le contexte d’une économie d’après crise, il devient également nécessaire pour les artistes d’intégrer le marché de l’art au moment où les financements publics disparaissent et où les institutions sont de plus en plus privatisées.

  • 19 Ashley Wong, « Ars Electronica Festival 2017 : Intersections de l’art médiatique et du marché de l’art », Sedit (…)   
  • 20 Pour plus d’informations sur le marché de l’art numérique et les galeries, voir la thèse de Pau Wae (…)
  • 21 James Miller, « Le secteur Focus de l’Armory Show s’intéresse au corps et à la technologie », The Art Newspaper , 1 (…)  

Festivals ?

12Plusieurs festivals historiques spécialisés dans l’art des nouveaux médias s’inspirent désormais des pratiques du marché de l’art. Le festival Elektra de Montréal est à l’origine de la Biennale internationale des arts numériques aux côtés de la Biennale Némo de Paris et les deux alternent une année sur deux.

Il y a aussi le cas du festival Ars Electronica, qui a présenté pour la première fois en trente-huit ans d’existence une section de « galeries », ainsi qu’un colloque consacré à l’Art des nouveaux médias face au marché de l’art. ‘art, afin d’explorer les nouvelles intersections de ces domaines 19 .

Il existe aussi un nombre important de galeries commerciales spécialisées dans la promotion des travaux réalisés par des artistes des nouveaux médias.

Galeries ?

Quelques galeries sont installées depuis longtemps, comme la DAM Gallery de Berlin, fondée en 1998, et bitforms, fondée en 2001 à New York, sont désormais rejointes par la Galerie Charlot de Paris, fondée en 2011.

la galerie Transfer de New York, fondée en 2013 et la NOME Gallery de Berlin, fondée en 2015 – toutes avec des conceptions différentes de leur programmation 20 .

Beaucoup de ces galeries ont leurs racines dans l’art des nouveaux médias et elles sont de ce fait largement conservées dans les marges du marché de l’art.

Historiquement, il y a eu des expositions satellites à la Biennale de Venise, telle que le Pavillon Internet initié par l’artiste des nouveaux médias Miltos Manetas en 2009.

L’Armory Fair de New York a accueilli en 2018 une section spéciale consacrée au corps et à la technologie 21 . Ces biennales et sections au sein de foires d’art restent cependant assez marginales par rapport au marché de l’art dominant.

  • 22 Phillips, « Michael Staniak, IMG_885 (holographic), Lot 7 », résultat de vente aux enchères, Londres (…)

13Ces dernières années, nous avons également assisté à l’émergence de foires d’art dédiées spécifiquement à l’art des nouveaux médias, particulièrement l’Unpaint Art Fair, la Plug-In Media Art Fair qui fait partie de Contemporary Istanbul et les Variation. Media Art Fair,
Moving Image Art Fair ou encore Silicon Valley Art Fair.

Vente aux enchères ?

Il y a aussi des ventes aux enchères, dont Philips Paddles ON ! qui s’est positionnée comme la première vente aux enchères d’art numérique et qui s’est tenue à New York et Londres en 2013 et 2014.

Les ventes aux enchères ont présenté principalement de l’art post-Internet, sous la forme de sculptures, impressions numériques et installations, le tout étant organisé par Lindsey Howard.

L’œuvre la plus chère, qui s’est vendue à 25 000 livres (avec une estimation préalable de 3 500-4 750 livres) était une œuvre de Michael Staniak/22 22 , ce qui contraste avec les centaines de milliers de livres que rapporteur l’art contemporain et la peinture d’après-guerre.

Foire d’art ?

14Un grand nombre de foires d’art des nouveaux médias et de ventes aux enchères spécialisées ont néanmoins disparu rapidement. Il n’y a plus de ventes aux enchères de Paddles ON ! et l’Unpainint Art Fair s’est rétréci après une première année ambitieuse, devenant davantage une exposition thématique qu’une foire commerciale.

La Variations Art Fair de Paris qui utilise le mot « foire » prend plutôt la forme d’une exposition thématique organisée par le curateur d’art des nouveaux médias Dominique Moulon.

Bien que les œuvres soient à vendre, ce n’est pas le but de l’exposition et les travaux sont présentés dans une exposition ouverte plutôt que dans des stands.

Les biennales d’art numérique ont tendance à mettre côte à côte des artistes contemporains bien établis et des artistes des nouveaux médias afin d’augmenter la valeur de ces derniers dans un contexte artistique reconnu.

Il y a là une tendance à se conformer aux pratiques dominantes du monde de l’art afin de gagner de la valeur et de la validation.

15Les galeries d’art contemporain s’intéressent d’ailleurs de plus en plus à l’art des nouveaux médias, y compris la Pace Gallery – qui représente le collectif japonais teamLab – et la Lisson Gallery – qui représente Haroon Mirza, Tony Oursler et Cory Arcangel.

La taille de ces galeries permet de construire une reconnaissance pour ces artistes en compensant leurs coûts par des artistes qui travaillent dans des médias plus traditionnels.